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Randonnées en Arménie, sur les sentiers du Nord au Sud.

Rien de mieux pour découvrir en douceur un pays que d’arpenter ses sentiers de randonnées? Ce loisir est en plein essor en Arménie, mais il reste beaucoup à faire : chemins non-entretenus, peu -ou pas- balisés, chiens errants et serpents, etc..., autant d'éléments venant pimenter le séjour! Mais ce sont à coup sûr des souvenirs mémorables et un dépaysement total qui attendent le voyageur à pied!

Le monastère de Tatev, l'un des plus beaux d'Arménie.

Après nos étapes autour de la capitale Arménienne nous avons ressenti un gros besoin d’air frais et de grands espaces. Nous avons donc pris la route du Sud pour arpenter quelques sentiers de randonnée.


Notre première étape fût la petite bourgade d’Areni, réputée pour son vignoble. Le meilleur vin du pays se cultive en effet dans la vallée entre Areni et Yeghegnadzor. On confirme qu’il est excellent -mais il tape!, attention aux lendemains matin difficiles!-.


Le long de la route, de nombreux stands tenus par des locaux présentent des bouteilles de coca… qui s'avèrent être emplies de vin rouge maison -peut être pour faciliter le passage du vin à la frontière Iranienne- ! La vodka est aussi présente sur les étalages mais elle n’est pas franchement réputée pour être la meilleure du monde...


Nous avons fait un crochet pour visiter l'église de Surp Astvatsatsin qui surplombe le village avec ses jolis tombeaux avant de filer sur Noravank, l’un des plus beaux monastère du pays.

La route depuis Areni est magnifique, encastrée dans les gorges rougeoyantes. Sur les hauteurs on aperçoit le monastère de Noravank niché au pied des falaises d’un rouge profond, presque surnaturel.


L'église est très belle avec ses bas-reliefs sculptés dans la pierre jaune, ses vieilles pierres tombales gravées, mais ce qui fait son charme est indéniablement son cadre majestueux et presque inaccessible.


Après avoir dormi à côté du ruisseau en contrebas, nous avons randonné sur le versant opposé au monastère qui offre une vue imprenable. La randonnée est très agréable -malgré la chaleur plombante-. On accède au sommet des falaises rouges observées depuis le monastère en une demi-journée.


Un second sentier part des hauteurs pour redescendre dans la vallée d’Areni mais la présence de nombreux serpents et l'absence de chemin à travers les herbes hautes nous ont fait renoncer à la dernière montée pour redescendre au monastère.

Certains compagnons de randonnée paraissent plus sympathiques que d'autres...


Le Monastère de Noravank en contrebas lors de la redescente.

 

Nous avons ensuite filé en direction du Nord Est vers Yeghegnadzor pour rejoindre le village perdu de Yeghegis.


Dans la vallée nous traversons de nombreux villages typiques dont les maisons paraissent plus humbles que celles des villes. Le village possède trois églises avec de jolis khatchkars (St Astvatsatsin et son toit herbeux, Surp Karapet et Surp Zorats) mais aussi des cimetières juif -entretenu et attirant vraisemblablement des touristes…- et azeri -laissé en friche-.

Nous avons randonné en direction de la forteresse de Smbataberd joliment -mais partiellement- rénovée avant de monter vers le monastère de Tsaghatskar. La vue sur la vallée est très belle malgré le temps menaçant et l'orage qui gronde au loin. Cette vallée paisible compte parmi les plus photogéniques du pays par beau temps. On décide finalement de dormir abrités dans le monastère une fois l'orage arrivé.

Le lendemain nous commençons à redescendre en direction de Artabuynk avant d'être pris généreusement et spontanément par deux agriculteurs à l'arrière de leur camion, nous économisant quelques heures de descente un peu laborieuse pour poursuivre ensuite en direction du lac Sevan vers le Col de Selim.


 

La route serpente dans la montagne Vardenis et offre un sublime panorama sur la vallée de Yeghegis et les monts environnants depuis son col -2410m-. En chemin nous nous sommes aussi arrêtés pour observer le Caravanserai qui accueillait autrefois les marchands pour faire une halte ou vendre leurs marchandises. La solennité du lieu est assez impressionnante, et son isolement en fait un lieu assez magique.

On descend le col en longeant le parc Gegham avec ses montagnes et volcans aux cimes enneigées pour rejoindre le petit village de Noradouz, en bord de lac. Il est connu uniquement pour son cimetière regorgeant d'anciens khatchkars magnifiques sur fond de montagnes. La légende raconte qu’ils sont tellement nombreux qu’un groupe d’envahisseurs aurait fait demi-tour à sa vue, pensant qu'une armée s’abritait alors au bord du lac.

 

Après les rives du Lac Sevan nous terminons notre boucle au Nord vers la région de Dilijan, la plus touristique du pays. Surnommée la petite Suisse Arménienne, cette région montagneuse a su nous enchanter. Si on ne convient pas de la justesse de son surnom, on admet sans difficulté que la région possède beaucoup de charme.

Il ne reste malheureusement pas grand chose de son centre historique. Seule une rue a été rénovée et abrite principalement des hôtels ou boutiques pour les touristes de passage...


De nombreuses randonnées sont par contre accessibles dans le parc naturel et une boucle de 5 jours permet de passer par les plus jolis spots. Malheureusement la météo décidément capricieuse dans la région ne nous aura pas permis de faire le trek que nous avions repéré en bivouac. Nous nous limiterons donc à une itinérance de 2 jours.


En partant de Dilijan on arrive rapidement dans la forêt et la fraîcheur tant enviée! Si la vue au premier plan n'est pas des plus belles avec l'urbanisme effréné, les montagnes au loin sont encore partiellement enneigées.


Direction le lac de Praz! Après avoir traversé la jungle dans l'humidité, sous les pins, dans les fleurs des champs, les orties, les ronces et la gadoue, nous voici arrivés au lac après presque 5h de rando pour seulement 14km et 500 m de dénivelé, c’est dire si le sentier était bien tracé!


On est quelque peu déçus du lac que nous ne pensions pas être aussi facilement accessible en voiture et donc urbanisé (tyrolienne, barques, barbecue, restaurant, stand de tir, tout y passe...) et surpeuplé -bon on était Dimanche en même temps, on avait complètement zappé ce détail et ça semblait être “The place to relax” pour les métropolitains-. En bonus, nous avons servi de déjeuner aux tiques du coin! Anaëlle gagnant haut la main avec ses 7 piqûres dans la matinée!

Aussitôt notre casse-croûte fini nous fuyons le lieu en prenant la direction de Gosh et le monastère de Goshavank (7 km, 375m de dénivelé en environ 2h). Le monastère paraît plus grand qu'à l'habitude avec ses nombreuses chapelles attenantes, et ici aussi il y a foule!

Enfin nous monterons au lac de Gosh par une piste -cette fois- bien tracée, loin des touristes pour passer la nuit en compagnie des grenouilles -et de leurs chants- et de nouvelles tiques (4 km, 250m D+, 1h).


Le lendemain matin nous terminons notre randonnée en prenant la direction de Khachardzan. Nous perdons plusieurs fois la trace, bataillons à nouveau à travers orties, ronces et boue en se guidant au GPS pour trouver le chemin et atteindre le petit village perdu au milieu de la nature luxuriante (450m D+, 12 km en un peu plus de 3h).


Bilan du “Trek” : 37,5 km, des piqûres de partout, quelques belles galères mais de belles prairies verdoyantes. Ce tracé est censé être l’un des mieux entretenus du pays, on sait donc qu’en penser… En toute honnêteté il faudra sûrement attendre quelques années avant que la pratique de la randonnée soit pleinement accessible en Arménie pour le grand public, on hésite donc à vous conseiller de tenter l’expérience : cela aiderait à développer le sport et les infrastructures, mais cela réclame une bonne dose d’aventure et quelques heures de pratique sur nos chemins balisés au préalable!

Après les serpents, les ours!

Les sentiers Arméniens ressemblent souvent à ça!


 

Après quelques jours de repos à la capitale le temps de récupérer nos visas iraniens, nous repartons au Sud vers notre prochaine destination mais faisons tout de même une dernière halte pour marcher autour du village de Goris. La route en lacets qui y mène est très jolie, notamment autour du lac de Sisian, en évoluant dans un cadre haut en altitude avec de beaux cols laissant encore apparaître quelques névés.


La ville a vraiment l'allure soviétique, avec ses trois rues parallèles, sa grande place et quelques jolis anciens bâtiments. La ville tire son attrait des grottes creusées dans la roche datant du 5ème siècle et de surprenantes formations rocheuses. Elles nous rappellent les Cappadoces par leur aspect mais possèdent un charme bien différent avec la verdure les entourant. Difficile de comparer les deux lieux, la taille et l’ambiance des sites étant très différentes mais cette pause à quelques pas du célèbre monastère de Tatev vaut selon nous le détour. Une randonnée de quelques heures permet de faire le tour des formations.


Perché sur son plateau rocheux de basalte et surplombant majestueusement la rivière, le monastère moyenâgeux de Tatev en impose. Le complexe est impressionnant -il accueillait jusqu'à 600 moines- avec notamment un pressoir et des fortifications. Notez le khatchkar juché en haut d'un pylône dans la cour : il prévenait à l'époque les moines des tremblements de terre ou de l'arrivée d'armées ennemies en "tremblant", sans jamais tomber.



La restauration du monastère après le séisme de 1981 est particulièrement bien aboutie. Le lieu est malheureusement bondé de touristes aussi bien étrangers qu'Arméniens! La meilleure façon d’apprécier le lieu est donc de s’en éloigner et de prendre un peu de hauteur.

 

Nous sommes ensuite descendus tout au sud en empruntant une route de cols magnifiques offrant un joli paysage où la neige se mêle à la roche avant de laisser place plus bas à la verdure. Les villes de Kapan et Meghri apparaissent très défavorisées. Leur isolement et leur proximité avec la frontière iranienne en font des zones oubliées du gouvernement… Si les montagnes alentour sont très belles il est fortement déconseillé de s’y aventurer à causes des nombreuses mines présentes depuis des années.


Plus nous descendons vers le Sud, plus la verdure laisse place à la roche et aux couleurs jaune, ocre et grise. Une dernière route mal entretenue et bordée de barbelés et caméras de vidéosurveillances, et nous voici arrivés à Agarak, ville-frontière. Les montagnes en face sont iraniennes, l’ambiance est lourde et pesante. Le lieu est aussi inhospitalier que le paysage est aride. La traversée de la frontière à pied et le No Man’s Land qui s’en suit s’annoncent épiques! La suite au prochain numéro.


 

On a aimé :

  • Noravank, un site magique et magnifique entouré de pierres d'un rouge extraordinaire!

  • Le cadre de la forteresse Smbataberd au dessus de Yeghegis

  • Le Col de Selim

  • Dilijan et son atmosphère bobo-touristique

  • Les grottes de Goris et le superbe monastère de Tatev

Noravank et ses falaises rouges
Tatev et son cadre à la fois minéral et luxuriant

Bon à savoir :

  • Si vous souhaitez randonner en Arménie on vous conseille vivement l'application (et le site web) HikeArmenia. Une mine d'or!

  • Si vous avez un peu de temps devant vous, vous pouvez également opter pour le Transcaucasian Trail qui parcourt l'ensemble du Caucase, de la Géorgie à l'Iran!

  • Pour ceux que le stop ne tente pas vraiment, sachez que le monastère de Tatev est accessible par le plus long téléphérique du monde, rien que ça! Mais soyez prêts à faire la queue, même hors saison il faut attendre plus d'une heure avant d'embarquer et le prix reste un peu prohibitif (11€ par tête, loin des standards du pays) ...

  • En contrebas du célèbre monastère de Tatev se trouve un second complexe : Tatevi Anapat. Ce dernier n'a malheureusement pas bénéficié des mêmes campagnes de restauration. Perdu dans la végétation, il est accessible à pied et observable depuis quelques points de vue aménagés sur la route de Tatev.


  • Le monastère de Tsaghatskar, seulement accessible à pied depuis Yeghegis ou Artabuynk, présente un autel pour le moins original... il est orné de cruches de vin! En hommage aux moines vignerons qui faisaient autrefois vivre le monastère.


Notre budget pour 9 jours : 101 €

  • 66 € de nourriture pour deux (avec un bon resto sur Dilijan! et pas mal de pâtisseries -pour changer-)

  • 24 € de transport (un bus pour repartir de Dilijan vers Erevan, puis trois bus pour atteindre la frontière iranienne depuis Goris, grosses galères de stop à partir de cette ville, va savoir pourquoi!)

  • 11 € d'hébergement (un hostel à Agarak, pour passer la frontière de bon matin!)


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