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Premiers pas en Iran, Tabriz et sa région.

Dernière mise à jour : 6 nov. 2020

Pour nos premières journées sur le sol Iranien nous avons arpenté les ruelles couvertes du Grand Bazaar de Tabriz, goûté nos premières sucreries aussi douces qu’épicées, et avons eu le droit à une excursion dans les alentours désertiques de la plus grande ville d’Azerbaïdjan Oriental. Ce fût également l’occasion de découvrir la légendaire hospitalité des iraniens et leur attachement aux traditions locales mais également leur soif de rencontre et d’échanges avec les voyageurs de passage.

Le Grand Bazaar de Tabriz

C’est à pied que nous avons traversé l’inhospitalière frontière entre Arménie et Iran à Agarak. Malgré les rumeurs de fermeture et de refoulement des occidentaux suite aux heurts entre forces iraniennes et américaines quelques heures plus tôt (faisant suite à la destruction de drones américains au sud du pays et au sabordage d’un navire dans le Golfe), notre passage aura été l’un des plus tranquilles de notre périple. C’est tout sourires que les représentants iraniens observent nos sacs à dos et nous accueillent dans ce nouveau pays.


A peine la frontière passée nous nous retrouvons dans un paysage désertique, rien, hormis une unique route longeant la rivière Araxe sur des dizaines de kilomètres, que des montagnes arides et déchiquetées, sans la moindre trace de vie. Mais la première voiture quittant la douane s’arrête immédiatement à notre niveau et nous demande dans un anglais approximatif où nous nous rendons : “Tabriz”. “Let’s Go to Tabriz!”!


C’est parti pour plus de 400 km et une journée dans la voiture de nos deux compères Kamal et Jahmil. Sûrement les plus joyeux conducteurs rencontrés en une année sur les routes. Chansons, sifflements, claquements de doigts se succèderont sans discontinuité pendant tout le trajet nous laissant à peine le temps de profiter de ces nouveaux paysages. Nous sommes surpris par la hauteur des montagnes alentour, malgré la chaleur étouffante les sommets sont parfois encore enneigés et nous croisons plusieurs montagnes arc-en-ciel en chemin -il paraîtrait que l’Iran en possède la plus grande superficie au monde…-.


Nous profitons d’une pause pique-nique à Jolfa pour goûter une première fois à l’hospitalité légendaire des iraniens. Après un thé en ville nos compères nous abandonnent sur un terre-plein séparant deux voies rapides et partent avec nos sacs… chercher à manger! Ils reviendront quelques minutes plus tard les bras chargés de victuailles simples mais excellentes.









Une petite sieste à l’ombre, un arrêt pour visiter une jolie mosquée et nous repartons pour Tabriz que nous atteignons dans la soirée pour retrouver notre premier hôte qui nous attend de pied ferme et nous recevra comme des rois pendant 3 jours.









 

Une première nuit passée sur des tapis persans -une première pour nous mais nous nous y habituerons vite, pendant un mois cela sera notre quasi-unique moyen de repos- et nous partons à la découverte de l’immense Bazaar de Tabriz, célèbre dans le monde entier pour ses ventes de tapis, la spécialité locale.


On y trouve de tout, des tapis bien sûr, mais également des objets en tout genre, vêtements et ustensiles de cuisine traditionnels en cuivre. Les artères et ruelles couvertes semblent infinies et le lieu ressemble à un immense labyrinthe très stylisé où fourmillent hommes en chemises, femmes voilées mais aussi de nombreux enfants et adolescents profitant de la fraîcheur du lieu.


Nous sommes rapidement surpris d'entendre tout le monde autour de nous parler Turc malgré nos efforts pour parler Perse : Tabriz est la capitale de la région d'Azerbaïdjan Oriental et parle donc principalement un dialecte Azeri qu’ils revendiquent, parler Perse les irrite donc profondément.


Une amie de notre hôte nous accompagne et nous guide à travers les étals pour nous conduire vers les plus beaux passages avant de nous faire faire le tour de la ville et goûter de succulentes pâtisseries très sucrées.


Ancien point de passage stratégique sur la route de la soie, il ne reste aujourd'hui que peu de traces de bâtiments historiques à Tabriz. La Mosquée Bleue a été en grande partie détruite ou abîmée par un tremblement de terre. A l'intérieur, les fresques manquantes ont été partiellement retracées mais sont gardées volontairement dans leur état actuel.


On croise au détour d’une grande avenue le Municipal Hall, de style allemand, qui abrite maintenant des expositions ainsi que des bureaux municipaux puis l’Arg-e Tabriz, les restes de l’ancienne forteresse qui protégeait la ville. Malheureusement, le site historique est maintenant occupé par le Mosalla de l’Imam Khomeini qui s’agrandit d’année en année en grignotant l’ancien édifice. Une poignée de locaux tentent de sauvegarder les restes du bâtiment sans grand succès.

Mais les locaux s’accordent à dire que le plus bel espace de Tabriz est le Parc Elgoli, situé à la périphérie de la ville. Le site, très animé et apprécié des habitants qui viennent s'y rafraîchir et se reposer, ne nous a pas paru immanquable et nous inspirait plutôt un ancien parc à thème tombé en désuétude.


Nous avons nettement préféré le mont Eynali qui surplombe la ville et offre un superbe spot pour le sport du dimanche -ou vendredi plutôt dans ces régions!-. La vue court sur l’ensemble de la plaine entourant la ville en contrebas et les montagnes au loin.

Un lac a été mis en valeur et le lieu est malheureusement très "artificialisé" et aménagé pour la promenade et la détente. Un monument impressionnant a été érigé au point culminant pour rendre hommage aux shahid, les martyrs morts pour défendre le pays.

 

Après cette journée passée dans l’antre bouillonnante de la cité bruyante, en perpétuel mouvement, et aux relents de gasoil et nourriture nous accueillons avec plaisir la proposition de notre hôte d’aller nous mettre au vert pour rencontrer sa famille qui vit dans le village reculé de Bonab. Cette journée dans les habitats ruraux et dans une famille traditionnelle, qui n’avait jusqu’à alors jamais rencontré d’occidentaux restera parmi nos meilleurs souvenirs du voyage. Leur hospitalité et la générosité qu’ils nous ont témoignées nous ont marqués pour longtemps.

 

Après un déjeuner copieux -comme toujours!- nous allons visiter la ville de Maragha, bâtie par les successeurs de Gengis Khan après ses conquêtes du Moyen-Orient. La présence de nombreux tombeaux d’architecture traditionnelle mongole en atteste aujourd’hui encore bien que leur état de conservation soit limité.


Sur les hauteurs se trouvait un ancien observatoire antique, du XIIIème siècle, bâti lui aussi par les Mongols. Malheureusement il a été rasé pour créer un “nouveau observatoire” aujourd’hui lui aussi inutilisé et laissé à l’abandon. L’acoustique à l’intérieur reste cependant extraordinaire.

 

Nous reprenons la route en direction de la vallée d’Alavian, aujourd’hui sous les eaux suite à la création d’un barrage. Autour du lac artificiel se trouvent encore quelques villages traditionnels bâtis en terre cuite qui constituent un cadre très photogénique. Nous avons pénétré dans l’un deux avant de rapidement faire demi-tour. Ces bourgs très isolés ont conservé une vision très traditionnelle qui mettait mal à l’aise nos hôtes, non intégralement voilées.


Alentour on observe de belles collines herbeuses mais peu d’arbres hormis dans les zones “oasis” où la végétation peut être dense, contrastant avec les herbes jaunes et la terre brûlée tout autour. Malgré leur côté très aride ces paysages restent beaux et hypnotisants.

 

On a aimé :

  • l’extrême générosité et hospitalité des nos hôtes et les sublimes mets dégustés à leurs côtés : le Ghormeh Sabzi en tête!

  • Les hauteurs de Tabriz et le mont Eynali

  • Le Grand Bazaar de Tabriz, guidé par l'extraordinaire Soodabeh, posant ici devant le tapis géant de Tabriz, une place en mosaïque à l’honneur des fameux tapis de la ville.

  • Le cadre de l’observatoire de Maragha et la fraîcheur du lac d’Alavian


Bon à savoir :

  • Le Mont Eynali présente également un spot d’escalade réputé. Ce loisir, bien que pratiqué par peu d’iraniens, est un sport issu d’une grande tradition d’alpinisme en Iran. Depuis des dizaines d’années les locaux les plus intrépides, regroupés au sein d’une fédérations partent à l'assaut des plus hautes cimes du pays. Il faut dire que le pays compte plusieurs sommets supérieurs à 5 000 m, il est l’un des pays les plus montagneux du monde.

  • L’ancien observatoire de Maragha a été bâti sur un sommet qui abritait autrefois des tombes de personnages importants. Aujourd’hui laissées à l’abandon il est possible d’y entrer et d’explorer les longues galeries souterraines qui s’engouffrent sous terre au pied de celles-ci.

  • Le voile est obligatoire en Iran pour les jeunes filles dès 9 ans mais il est très éloigné de l’image que nous en avons en occident. Seules les femmes les plus religieuses portent encore le Tchador, ou voile “intégral”. La plupart des jeunes femmes portent un simple foulard négligemment posé sur leur cheveux attachés, nous avons même croisé de rares “résistantes” le portant sur les épaules voire pas du tout.

  • La région de Tabriz, et une grande partie du reste de l’Iran, souffre énormément du réchauffement climatique et d’une extrême sécheresse. Le cas du lac d'Oroumieh a autrefois été très médiatisée et fût le symbole de ces dérèglements. Le lac, autrefois l’un des plus grands lacs salés du monde est en forte régression depuis plusieurs années et perd jusqu’à 1 m de profondeur par an. Il ne constitue aujourd’hui qu’une toute petite parcelle d’eau stagnante alors qu’il était il y a quelques années encore digne d’une vraie mer intérieure.

Au loin le lac d'Ouroumieh, toute cette zone était autrefois un lieu de baignade...


Notre budget pour 4 jours : 11 € pour deux

  • 8,5 € de nourriture (dont 2,5 € de cadeaux : une boite d'un kg de Baklavas pour la famille de notre hôte, les notions de prix sont ici très perturbantes)

  • 2 € de visite (pour la Mosquée Bleue de Tabriz)

  • 0,5 € pour un ... pantalon! (et oui Rémy aussi doit couvrir ses gambettes!)


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