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Pourquoi est-ce qu'on aime autant randonner ?!

- Enfants des campagnes, aujourd'hui citadins, nous n'avons jamais été aussi éloignés de la nature et nous ressentons régulièrement un irrésistible appel du grand air, comme une bouffée d'oxygène qui nous manquerait dans notre vie de tous les jours. Il existe même un "syndrome du manque de nature" (ou nature deficit desorder, définit par Richerd Louv en 2005) engendrant des difficultés de développement psychomoteur et du rapport à l'espace, des troubles médicaux voire psychologiques... Mieux vaut donc laisser libre cours à nos pulsions de grands espaces!

- C'est immergés et isolés dans ce milieu non familier, sauvage, impressionnant et parfois hostile qu'on se (re)découvre à notre juste place, humblement, au cœur d'un environnement grandiose et magnifique, simple composants du règne du vivant. On prend conscience de sa fragilité, de la puissance du monde.

- Loin de n'être qu'un territoire d'exploits sportifs, la montagne c'est avant tout un formidable espace d'éducation à la nature et à l'environnement, un lieu privilégié de démonstration de l'évolution des milieux naturels et culturels dans ces sites isolés. 

- L'ascension d'un sommet peut revêtir bien des aspects et se transformé en un acte à la fois naturel et physique comme symbolique. Chacun y trouvera sa voie et la réponse à ses besoins. La montagne est à tous et chacun l'aborde à sa façon, selon ses moyens et ses disponibilités.

- On se prend à rêver aux alpinistes de la première heure, grimpant avec leurs cordes en chanvre, leurs énormes chaussures et leurs lourds sac-à-dos, et traversons avec eux ces lieux magiques, ressentant chaque élément de façon plus vive, plus "extrême". C

Les dérives :

Nous voyons avec tristesse l'évolution du tourisme de montagne qui terrasse, bétonne, investit et urbanise les pentes naturelles et majestueuses de nos chères vallées pour y installer toujours plus d'acier, de canons à neige en remontée mécaniques... Outre les dégâts environnementaux occasionnés, cette course au "sensationnalisme" dévalorise la montagne nue, naturelle, et tout ce qu'elle peut apporter au monde d'aujourd'hui et de demain.

Les refuges en montagne : 

On les décrit souvent comme des "fenêtres ouvertes sur le monde", ces lieux isolés, nichés au cœur de la montagne représentent souvent les derniers lieux d'humanité aux porte de la nature sauvage. Ils offrent la possibilité de vivre des expériences extraordinaires, de nous faire prendre conscience de nos rapports aux autres, avec l'environnement mais aussi avec nous-mêmes. Une soirée passée en altitude suffit généralement à nous faire comprendre qu'il est facile de passer de très bons moments avec des personnes qui nous étaient totalement inconnues quelques heures auparavant, comme si là-haut, l'isolement géographique nous obligeait à faire sauter des barrières qui ne devrait pas exister. Ici pas de réseau téléphonique, on se parle pour de vrai!

A l'origine ces lieux étaient destinés à protéger l'être humain des éléments naturels trop hostiles, "d'échapper à un danger" ou de "se mettre en sûreté" (Paul Robert, Dictionnaire de la langue française, 1980) à des altitudes ou l'homme n'a généralement pas vocation à habiter. Ils se veulent accessibles et ouverts à tous. 

Aujourd'hui il arrive que le refuge soit LE but d'une course en montagne. Il devient peu à peu un élément incontournable du patrimoine de montagne. Certains "collectionnent" les visites en refuge, d'autre au contraire préfèrent les éviter à tout prix, préférant la liberté de dormir dans un espace vierge.

 

De notre côté, nous restons des amoureux inconditionnels du bivouac en pleine nature, qui offre cette sensation grisante de s'approprier pour le temps d'une nuit, un vallon reculé comme un replat au sommet, d'abord apprivoisé en marchant, puis intégré comme une partie intégrante de notre aventure en y dormant. 

Mais les nuits ou repas en refuge demeurent des expériences fabuleuses, dans ces lieux d'aventure, ces petits "bouts du monde" qui ont vus les départs triomphants de grands explorateurs mais aussi les retours parfois tragiques ou catastrophés sous des averses de grêles imprévues. Que cela soit dans la chaleur et la convivialité des refuges alpins ou plus encore dans les refuges non gardés -un toit, quatre murs nous protégeant du froid ou de la météo et quelques lits superposés abandonnés depuis plus ou moins longtemps- nous avons toujours eu la sensation de vivre une vraie tranche de vie, seuls ou accompagnés de camarades de passage, le temps d'une nuit. 

Les refuges nous rappellent à certains fondamentaux que la vie sédentaire tend à nous faire oublier : une gestion presque autarcique des ressources essentielles, le luxe de se poser, de profiter des joies simples mais aussi le besoin de s'adapter à autre cadre de vie sollicitant différemment nos sens et émotions. Quels plaisirs de profiter d'une nuit noire, sans pollution lumineuse et de s'autoriser des moments libres en montagne, de "ne-rien-faire" contemplatifs qui nourrissent plus que bien des stimulations quotidiennes.

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